
Kigali pointé du doigt
D’ores et déjà, ses proches accusent le pouvoir rwandais d’être responsable de sa mort. Le général Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise également en exil en Afrique du Sud et qui a lui-même échappé à une tentative de meurtre en 2010, dénonce ainsi un assassinat politique :
« Il ne fait aucun doute pour moi que le gouvernement du Rwanda est responsable de tout cela. Patrick Karegeya est réfugié, ici, en Afrique du Sud. Il n'a jamais eu aucun problème avec qui que ce soit dans ce pays. Qui d'autre que le président Paul Kagame, qui l'a pourchassé au cours des dix dernières années, voudrait voir Patrick Karegeya mort ? C'est un assassinat politique, comme le gouvernement du Rwanda en a toujours mené. C'est la politique du gouvernement du Rwanda de tuer ses opposants. »
Ceux qui ont pu rencontrer Patrick Karegeya le décrivent comme un homme très prudent, qui vivait dans l'idée qu'on cherchait à attenter à sa vie. « Il avait renoncé, disent ces sources, à être protégé par les services secrets sud-africains, pour garder sa liberté de mouvement ».
Des déclarations fracassantes
Voilà six ans que Patrick Karegeya vivait en exil en Afrique du Sud. Directeur général des renseignements extérieurs du Rwanda entre 1994 et 2004, il avait été un très proche du président Kagame, avant de tomber en disgrâce. Deux fois emprisonné à Kigali, il avait fini par fuir en 2007.
Mais loin de se faire oublier, il avait fondé un parti d’opposition avec d’autres personnalités rwandaises en exil, dont le général Kayumba Nyamwasa. On se souvient aussi et surtout de ses déclarations fracassantes en juillet dernier sur RFI.
Il avait accusé le président Kagame d’avoir organisé l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, considéré comme l’élément déclencheur du génocide de 1994. À l’époque, Patrick Karegeya s’était même dit prêt à coopérer avec la justice française, en charge de l’enquête.
Que ce soit en Afrique du Sud ou à Kigali, aucune source officielle n’était joignable dans la nuit pour une première réaction.